LE LOUP BLANC by Paul Féval (père)

LE LOUP BLANC by Paul Féval (père)

Auteur:Paul Féval (père) [(père), Paul Féval]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans - Historique
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2011-01-24T05:00:00+00:00


XXII – Deux bons serviteurs

Vaunoy avait souvent avec sa fille des entretiens semblables à celui que nous venons de rapporter. Alix savait à peu de chose près de quel intérêt étaient pour son père les bonnes grâces de M. de Béchameil ; elle avait même deviné que Vaunoy n’avait sur les immenses domaines de Treml qu’un droit de possession douteux et précaire.

Il va sans dire qu’elle n’abusait jamais de cette connaissance.

Le caractère de son père, qu’elle eût sincèrement voulu ne point juger, mais dont la bassesse lui sautait aux yeux, lui avait été, dès sa première jeunesse, une cause perpétuelle de chagrin. Son esprit sérieux, loyal et fort s’était habitué à la tristesse, et dans l’empressement qu’elle avait mis autrefois à accepter la recherche de Didier, il faut compter pour une part son désir ou plutôt son besoin d’échapper à l’obsession paternelle.

Elle ne voyait, au reste, dans l’usurpation de Vaunoy qu’un danger et non point un crime, parce qu’elle ignorait que cette usurpation préjudiciât au légitime propriétaire.

Et, par le fait, personne n’aurait pu soutenir l’opinion opposée, Treml n’ayant point laissé d’héritier.

L’intendant royal, ridicule et méprisable à la fois, inspirait à Alix une invincible répulsion, et sans la patiente insistance de son père elle eût rejeté ouvertement et depuis longtemps les prétentions de Béchameil. Vaunoy ne se lassait pas. Il croyait connaître les femmes, et attaquait Alix en faisait briller à ses yeux toutes les féeries que peut évoquer l’opulence. Béchameil était l’homme le plus riche de son temps.

Vaunoy ne faisait pas de progrès, mais il gagnait des jours.

L’arrivée de Didier pouvait anéantir son pénible et long travail ; il essaya de dresser une barrière entre sa fille et le capitaine. Nous avons vu le résultat de sa tentative : le hasard devait le servir bien mieux que son habileté.

Il avait un hardi projet dont la première idée lui était venue sous la charmille, en compagnie de Didier et de Béchameil.

Le projet, depuis lors, avait mûri dans sa tête. Il en avait pesé laborieusement les chances pendant le déjeuner, et s’était déterminé à jouer coûte que coûte ce périlleux coup de dés.

Il y avait une demi-heure que M. de Vaunoy avait rejoint ses deux acolytes. Maître Alain avait secoué tant bien que mal sa somnolence, et Lapierre s’était installé, selon sa coutume, dans un excellent fauteuil. Il s’agissait d’écouter le maître faisant l’exposé de son plan.

Vaunoy avait parlé longtemps et sans s’interrompre. Lorsqu’il se tut enfin, il interrogea ses deux serviteurs du regard. Maître Alain répondit par un geste équivoque, et Lapierre se balança fort adroitement sur un seul des quatre pieds de son siège.

– Ne m’avez-vous pas entendu ? demanda Vaunoy.

– Si fait, dit Lapierre ; pour ma part, j’ai entendu.

– Moi aussi, ajouta maître Alain.

– Et qu’en dites-vous ?

Le vieux majordome eut la démangeaison d’atteindre sa bouteille carrée, où peut-être il aurait trouvé une réponse, mais il n’osa pas ; il attendit, pensant qu’il serait temps de parler lorsque Lapierre aurait donné son avis.

Lapierre se balançait toujours.

– Qu’en dites-vous ? répéta Vaunoy en fronçant le sourcil.



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